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Vous vous demandez pourquoi un chien mord ? Sauf pathologie et entraînement spécifique, le chien ne mord qu’en dernière nécessité. Avant de mordre, le chien prévient. Mais ces signes se succèdent parfois très rapidement. Savons-nous vraiment les reconnaître ?
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Le chien descendant du loup, il a marqué les esprits et l’inconscient collectif au point que nombre de propriétaires et parfois d’éducateurs pensent encore que la famille est une meute reconstituée et qu’il faut se positionner en chef de meute. Soyons clair, avant qu’un chien vous prenne pour un chien, l’eau aura couler sous les ponts. Le chien a parfaitement conscience que vous êtes humain et il concentre tous ses efforts pour vous lire et vous comprendre au mieux. Par ailleurs, la meute de loups est une vraie famille, au sens génétique du terme. Le couple Alpha procrée tous les ans et les Bêta, les Gamma, ne sont que des enfants de générations différentes. Les chiens qui vivent en groupe n’ont aucun lien de parenté en général. Il s’agit d’une réunion d’individus où chacun tente de trouver sa place en jouant des coudes. Quand on est petit et/ou sans grand caractère et bien, on laisse sa place aux autres. Ce n’est pas une relation de dominance. Un chien peut d’ailleurs défendre son canapé et se laisser prendre son os sans grogner. Chez les chiens, on parlera donc de préséance.
Les choses étant dites, le chien n’est pas un loup et il n’est pas un ennemi de l’homme, bien au contraire. Il est le premier animal domestiqué, bien avant les autres. -15000 ans pour le chien, -7000 pour la chèvre (second animal domestiqué).
L’enfance du chien, est marquée (entre autres) par deux étapes importantes : la socialisation intraspécifique puis la familiarisation extraspécifique. Lors de la socialisation primaire, la mère enseigne les règles de vie (propreté, sécurité etc) ainsi que les codes de société. La fratrie du chien se chargera de cadrer à son tour. Exemple : un chiot mord trop fort la mère ou un des frères, sa mère le corrige aussitôt. Si son frère (ou sa sœur) est plus costaud que lui, il répond également. En somme, la mère enseigne l’inhibition de la morsure. Le chiot sait très vite qu’il ne doit pas faire mal avec ses mâchoires et qu’il ne doit serrer avec force que pour tuer et se nourrir ou bien se défendre s’il est menacé.
A deux mois, ce chiot, préparé à vivre dans une société de chiens, est adopté par une famille humaine. Il doit dès lors s’adapter à un nouvel environnement. A ce stade, le petit chien n’est pas mordeur. Il mordille et peu faire mal mais avec un peu d’éducation, vers 4 mois, il cessera de découvrir le monde avec ses dents.
Mais alors, pourquoi le chien finit-il un jour par mordre ?
La morsure est la meilleure réponse à une situation donnée, selon le chien. Comme tout être vivant, le chien doit s’adapter en permanence à son environnement. C’est ce que nous appelons le stress. Lorsque, en cours, le professeur dit qu’il va interroger un élève au hasard, vous entrez en stress. Et, si vous n’avez pas appris votre leçon, le stress va être plus grand. Par ailleurs, certains élèves ont appris leur leçon mais ne sont pas sereins pour autant. Ils stressent et perdent parfois leurs moyens au point d’oublier la leçon qu’ils savaient sur le bout des doigts.
Le stress est donc lié à l’environnement qui change mais aussi à la perception de ce dernier. Le sujet (par exemple le chien) évalue à la fois le danger, mais aussi ses capacités à faire face. Dans le cas de l’enfant qui a appris sa leçon, il a les capacités de répondre, mais il estime qu’il ne les a pas. Son stress est donc maximal.
Pour autant, si l’enfant est en stress, il ne va pas se battre. Le chien non plus. Le chien envoie quantité de réponses avant d’arriver à la morsure. En fait, il doit se sentir menacé pour en arriver à mordre.
Le schéma ci-dessous montre l’échelle d’agression établie par Kendal Sheperd. En repérant bien chaque stade, vous devriez être en mesure d’éviter une morsure. Il est extrêmement rare qu’un chien morde sans avoir averti la personne par les signaux dits d’apaisement (léchage, détournement de tête, de corps etc.).
Certaines précautions restent à prendre : ne pas rentrer chez quelqu’un si présence d’un chien et non du maître. C’est lui qui nous indiquera le tempérament du chien. Ne jamais regarder un chien inconnu dans les yeux, ne pas soutenir son regard. Les caresses au-dessus de la tête ne sont pas appréciées en règle générale. Enfin, quand le chien rompt la relation et part, il est préférable de ne pas le suivre. Ce que les enfants ne savent pas faire et c’est ainsi qu’ils finissent par se faire mordre.
Même si cela est difficile à faire, il est impératif de ne pas crier au moment de la morsure. La mère du chiot, lorsqu’elle le calme, car trop excité, resserre la mâchoire. Le chien va probablement serrer les dents si vous hurlez, pour vous faire taire. N’essayez pas d’enlever le bras ou la jambe mordu(e) mais tentez de suivre le mouvement. Le chien va lâcher. Idéalement, restez debout, essayez de ne pas tomber. Tous ces conseils sont difficiles à suivre, mais ils amoindriront les dégâts.
Si la morsure et conséquente, filez aux urgences. Le propriétaire doit déclarer la morsure. Dans tous les cas, les professionnels de santé vont le faire. Ils en ont l’obligation. Le chien sera ensuit vu par un vétérinaire évaluateur de comportement. Si le propriétaire ne peut pas prouver que le chien a reçu un vaccin antirabique, le chien restera en observation.
La loi n° 2008-582 du 20 juin 2008, permet de renforcer les mesures de prévention et de protection des personnes contre les chiens dangereux. Tout professionnel ayant connaissance d’une morsure de chien sur personnes doit déclarer l’accident à la mairie du domicile de l’animal. Les forces de police et de gendarmerie, les services de santé et de secours, les vétérinaires mais aussi les éducateurs et les assureurs sont concernés par cette loi.
S’il estime que l’animal reste dangereux ou non maîtrisé, le maire de la commune concernée peut réclamer l’euthanasie de l’animal.